samedi 9 février 2013

Conte IX : La racine du ciel trouvée?

    Cependant, c’était là, dans le pays des particules élémentaires, que les deux hommes eurent une conversation importante, pour trouver la racine du ciel.
    Ce fut la Grande Personne qui prit la parole d’abord: « Je connais bien ces connaissances grâce à une très bonne éducation scolaire que j'ai reçue. Et je crois que c’est les scientifiques qui ont découvert ces étapes, tout ça n’a rien à voir avec l’école confucianiste.
    - Sans doute ! Ce sont les scientifiques qui observent bien les matières qui permettent de découvrir ces étapes, répondit le petit confucianiste. Pourtant, nous sommes allés jusqu'au monde des particules élémentaires, ce n’est pas pour obtenir les connaissances qui se cachent isolément au sein d’une matière physique, c’est pour trouver la racine du ciel. Et, as-tu trouvé la vérité ? 
    - Non ! Je n’ai rien trouvé ! Il est probable que la racine cosmique que tu prétendes découvrir n’existe pas dans mon vêtement. Tu vois, nous sommes déjà arrivés au fond de la recherche, mais sans rien trouver. »
    Pourtant, la situation semblait quelque peu bizarre à ce moment là. La Grande Personne se dit en hésitant :«... De celluloses à glucoses, puis, à atomes, puis, à particules élémentaires, toutes ses découvertes me semblent n’avoir rien à faire avec mon vêtement, bien qu’elles puissent être trouvées dans mon vêtement. Alors tout ça vaut la prix Nobel. Hélas, il est peut-être vrai que les surprises trouvées par les recherches scientifiques servent mieux à gagner les prix Nobel que trouver la vérité... » 
    - Bravo ! Bravo ! applaudit le petit confucianiste. Je te félicite pour la découverte d’une très grande vérité ! 
   - Mais je n’ai rien trouvé franchement ! Je ne sais même plus où est mon vêtement ! 
    - C’est ça ! La vérité !
    - Ho ! Ne rien trouver ! … C’est quelque chose ? Mais quelle vérité ? »
    - Permet moi de lire mon rapport, s'il te plait. »

    Ci-dessous est le « rapport de l’analyse du vêtement de la Grande Personne » déposé par le petit confucianiste :
    « Dans l’intérieur du vêtement de la Grande Personne, il y a toujours deux choses qui existent : les matières et l’espace.  En générale, pour les travaux de recherches, on observe constamment par le côté des matières, tout en négligeant l'espace. Cette méthode de recherche nous donne un spectacle répété. 
    Tout d’abord, nous avons trouvé les fils textiles, mais ils ont disparu sur-le-champ lorsque nous avons pénétré dans l’intérieur de ces fils. À ce moment là, il y a un autre monde qui nous attendait: celui des fibres. Et puis, la même scène se reproduisit. Les fibres se sont évaporées quand on les a recherchées en profondeur, remplacées par des molécules, qui ont été remplacé par des atomes, qui ont eux-mêmes été remplacé par des particules élémentaires et ainsi de suite.
    Tous les objets matériels que l’on a trouvé en face ont disparu dans l’approfondissement. Ce scénario s'est toujours répété pendant le déroulement de notre voyage. Ce phénomène nous fait dire que si la recherche allait à l'infiniment profond, les objets de recherche joueraient le drame de la disparition infinie… »
    « Ça va ! Ça va ! » La Grande Personne interrompit le discours du petit confucianiste et dit :
   « Je sais bien que tu veux dire que mon vêtement n’existe plus, puisque ses matières ont successivement disparus dans notre recherche. Ta théorie me semble pareille à celle des sophistes. Tiens ! Ils sont toujours à la mode.
    - Laisse moi finir, s’il te plait. Je veux dire seulement que ton vêtement existe toujours, mais la raison ne se trouve pas dans ses matières. Pour trouver la vérité, je t’en prie, permette-moi de continuer mon analyse, » dit poliment le petit confucianiste.
    Ensuite, son discours continua.
    « Notre recherche a prouvé que les matières sont des choses inconstantes qui ne peuvent donc maintenir le vêtement dans sa nature. Finalement, à côté de la variation des matières, il y a une chose qui ne change jamais. C’est l’espace qui se trouve à l’intérieur du vêtement.
    Cet espace n’est pas une chose fantaisiste. Il se trouve au sein du vêtement, témoignant de tous les genres de changements effectués par les matières, mais lui-même reste toujours le même, ne les a jamais suivies lors de leurs mutations. Grâce à ce caractère que l’espace possède, nous savons finalement qu’il est fidèle pour garder le vêtement dans sa nature. C’est lui qui garde la chaleur, c’est lui qui présente la couleur, et c’est lui qui montre la douceur.
    Alors, nous pouvons maintenant conclure que le vêtement de la Grande Personne existe, parce que son authenticité a été identifiée par l’espace caché à l'intérieur. C'est cet espace dans lequel la nature du vêtement a donc bien été conservée. Ceci est une vérité subtil dans laquelle l'espace intérieure se connecte toujours à l'extérieur, avec le grand ciel, comme une mince racine liée solidement avec l’arbre cosmique. Personne ne peut couper cette connexion. Par cette recherche, nous avons compris que la nature du vêtement de la Grande Personne représente en effet la racine du ciel par son espace intérieur. 
    Fin du rapport. »

    « Enfin, nous avons trouvé la racine du ciel dans mon vêtement. Mais... dit la Grande Personne qui préféra plutôt se moquer de l’idée du petit confucianiste, je n’ose pas te complimenter. Parce que tu as fait de mon vêtement un trou noir, dans lequel il n’existe que la valeur du vide. Crois-tu que mon vêtement soit si horrible que ça ?
    - Ce n’est pas une question d’horreur, c’est une question de raison, riposta le petit confucianiste.
    - C’est ça ! La raison ! A mon avis, si quelqu'un dit que les raisons orientales sont horribles, cela ne serait pas étonnant. Tu vois, comme le bouddhisme. Sais-tu que j’ai mis beaucoup de temps à l’étudier ?
    - Qu’est-ce qu’il a, le bouddhisme ?
    - Pour le bouddhiste, il exige de vider tous les êtres. Naturellement, il est très simple d’imputer tous les problèmes que les hommes rencontrent au vide. Si tu as attrapé des maladies, tu les fais vider psychologiquement, et tu vas guérir ; de même, si tu as eu des problèmes d’amour, tu les fais vide, et bien, le chagrin va disparaître. Cette méthode, que j’ai déjà appliquée, marche seulement de temps en temps.
    - Ça, c’est vrai ! Quelque fois ça marche, quelque fois ça ne marche pas ! » confirma le petit confucianiste.
    La Grande Personne poursuivit sa critique :
    « Tu sais, j’ai bien réfléchi à ce sujet. Si on vidait tout, bien sûr qu’il n’y aurait plus de malheur, mais à l’opposé, le bonheur disparaîtrait aussi. De même, si l’échec n’existait plus, le succès s’évaporerait. Alors, ne crois-tu pas que cette méthode serait horrible ? En particulier pour nous, les occidentaux, qui ne pouvons vider ni notre argent, ni notre chance, ni notre bonheur, ni les plaisirs de l’amour, ni la passion pour la gastronomie, ni les attachements à notre confort matériel.
    - Moi non plus, approuva le petit confucianiste.
    - Mais toi, petit confucianiste, tu as essayé de vider mon vêtement, pareil aux bouddhistes. Mais je suis obligé d’en porter un ! Je ne vis pas nu !
    - Je crois que tu as confondu quelque chose, mon ami. Ce que tu viens de dire ne concerne que des idées bouddhistes, ça n’a rien à voir avec l’école confucianiste. Par ailleurs, il me semble que les bouddhistes ont raison de vider toutes les choses, en supposant qu’ils sont en train de se préparer à une autre vie sur une autre planète. Autrement dit, le vide serait une sorte de technique pour les bouddhistes, afin de se préparer à quitter la Terre.
    - A quitter la Terre ? Mais où veux-tu qu’ils aillent ? Pourquoi devraient-ils renoncer à notre monde ?
    - Je ne sais pas trop. Ce serait mieux de demander à un bonze, s’ils sont, oui ou non, en train de se préparer à partir.
    - C’est une très bonne idée ! »

    En abandonnant le voyage à l’intérieur du vêtement, les deux hommes sortirent du pays des particules élémentaires. 
    Ils regagnèrent la nature réelle.
    La lune souriait dans le ciel nocturne en regardant ces deux hommes, puis, se couchait lentement vers l’ouest. À son tour, le soleil s’élevait du côté contraire, tout en lançant des rayons d’or, mêlés de pourpre et de rosé avec des brumes, brillant sur une forêt verdoyante. Les nuages colorés flottaient librement sur le ciel pur, composant des images si variées, que même le peintre le plus talentueux n’arriverait pas à peindre. Plus loin, des montagnes vigoureuses, revêtues de verdure, manifestaient l’épanouissement de la végétation. Des petits ruisseaux se frayaient des chemins sinueux à travers des vallées. A leurs pieds, voilà un lac dont l’eau claire est ravivée par une légère brise, stimulant fortement la soif de vivre.
    « Oh ! Notre monde est plus magnifique que les miracles qu’on peut trouver dans les microscopes ! » admira la Grande Personne.
    Si elle n’avait jamais visité le pays des atomes, ni celui des molécules, ni tout autre monde que des scientifiques nous montrent par son microscope à l’intérieur d’un objet, elle n’aurait pu comprendre vraiment à quel point notre monde est beau. Cette sensation était devenue tellement forte depuis l’aventure dans les pays microcosmiques ! 

    « Une fois suffit pour le monde scientifique ! se dit-elle. Je préfère notre monde originel! »

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